Des ancêtres carriers à Arquennes

Vue de l'Eglise et d'un coin du centre du village d'Arquennes vers 1912
Vue de l'Eglise et d'un coin du centre du village d'Arquennes vers 1912

Nous avons tous entendus parlés de villages ou de villes qui, par le passé, étaient remplis d'entreprises semblables (petites ou grandes) comme des industries du fer, des charbonnages, des faïenceries, des ateliers de dentelleries, des forges, etc.   Mais malheureusement, nombreux sont ceux qui ont mis la clé sous le paillasson, malgré un passé glorieux.

C'est en étudiant l'ascendance d'une partie de ma branche paternelle, que j'ai découvert ces ancêtres carriers. Métier rude et épuisant, ce travail pouvait aussi laisser une trace à travers la pierre et le temps passant. Nous allons remonter jusqu'à la fin du XVIème siècle, dans une petite région du Hainaut (Belgique), où nous allons nous attarder sur 2 familles alliées : la famille DU BOIS et DEL FONTAINE. Allons-y...

L'ancêtre le plus lointain connu est DU BOIS François , né vers 1580. Il se marie avec LE PESQUEUR Barbe (à une date inconnue) et vivront à Arquennes (Hainaut - Belgique). On trouve trace de lui pour la première fois en 1608 comme Greffier d'Arquennes (il y est également mentionné en 1611 et 1618)"1. Dans l'épitaphier et l'épigraphier d'Arquennes, on dit également ceci de lui : " notaire public et royal pour le conseil de leurs Altesses sérénissimes ordonné en Brabant". Il possédait de nombreuses propriétés à Arquennes (Hainaut - Belgique) telle que Flotenne, la ferme de Lamberdanne, etc. François est également Maître de carrières, dès 1613, où on le retrouve dans un document pour la livraison de pierres d'Ecaussinnes (Hainaut - Belgique) pour une partie de la reconstruction et embellissement de l'Eglise Ste-Elisabeth à Mons (Hainaut - Belgique). Il est également mentionné le 7 février 1617, dans une convention écrite avec LENGLEZ Jean pour transporter leurs pierres en bateau de Mons à Gand. Il avait comme marque un écu écartelé. François laissa avec son épouse une grande descendance (10 enfants), dont DU BOIS François "fils"  et mourut à une date inconnue mais avant septembre 1628.

DU BOIS François, mon ancêtre, fils de François et de Barbe, serait né vers 1620-22 et il se marie avec DEL FONTAINE Catherine, fille de Jan et de LE CHIEN Suzanne. Cette alliance n'est pas anodine car Jan est échevin d'Arquennes et Maître de Carrières. En effet, il est considéré comme l'un des plus célèbres maîtres carriers de son temps (XVIIème siècle). Il contribua à l'édification de Notre-Dame du Bon Conseil à Arquennes, de 1628 à 1644 (voir ci-dessous). La porte d'entrée en pierre de l'atelier de Jordaens à Anvers (Belgique), est également l'œuvre de Jan DEL FONTAINE (voyez ci-dessous). Jan décéda en 1667, son épouse en 1668. La pierre tombale du couple (plutôt un monument) se trouve toujours à Arquennes.

La Chapelle de N-D du Bon Conseil vers 1920
La Chapelle de N-D du Bon Conseil vers 1920
Façade et porte d'entrée de l'atelier de Jordaens à Anvers, vers 1902
Façade et porte d'entrée de l'atelier de Jordaens à Anvers, vers 1902

Mais revenons à la fille de DEL FONTAINE Jan... Après son mariage avec François, Catherine eut 6 enfants dont Nicolas, né un peu avant 1646. Ils vivront tous à Arquennes.

DU BOIS Nicolas, toujours mon ancêtre, se marie avec MONNOYER (écrit aussi MONNOYE) Anne le 12 janvier 1666 à Arquennes. Anne vient aussi d'une famille bien connue de carriers. On retrouve peu de traces concernant le couple. Ils auront néanmoins 7 enfants, dont Catherine, baptisée à Arquennes le 5 octobre 1668. Catherine se mariera le 10 novembre 1699 à Arquennes avec PAUL Jean (sa profession m'est inconnue à l'heure actuelle, mais il est fort probable, vu la descendance, qu'il soit également carrier). Avec ce mariage, nous quittons la région d'Arquennes pour aller à Ecaussinnes-d'Enghien (Hainaut - Belgique). Une partie de cette descendance (dont une partie de mes ancêtres) continuera à travailler la pierre au moins jusque dans les années………………... 1890!! Mais cette partie doit encore faire l'objet de recherches plus pointilleuses.

Comme on peut le voir sur ces 2 documents (voir ci-dessous), en province de Hainaut (Belgique), le travail de la pierre avait peu évolué, il restait très très rude et éprouvant.

Un tailleur de pierre à l'oeuvre, vers 1905
Un tailleur de pierre à l'oeuvre, vers 1905
Ouvriers carriers dans une carrière, vers 1920
Ouvriers carriers dans une carrière, vers 1920

Les carrières à Arquennes se sont fermées petit à petit. Les dernières fermèrent leurs portes autour de la Seconde Guerre Mondiale et certaines ont même fait l'objet d'un remblayage. Voilà une page d'histoire qui se tourne pour de nombreuses carrières mais aussi pour de nombreuses familles. Certains carriers se sont tournés vers d'autres régions comme Soignies ou Maffle, voir même au-delà de nos frontières. Si vous passez dans la région d'Arquennes, n'hésitez pas à vous promener dans ce petit village… Vous y verrez encore un petit peu la trace de ce passé de la pierre.

 

A très bientôt pour un prochain article...

1 : "Les Maîtres de carrière d'Arquennes sous l'Ancien Régime : un métier, des hommes" de Jean-Louis Van Belle, 1990

Écrire commentaire

Commentaires: 0