Un ancêtre mystérieusement décédé hors du pays...

Vue d'une partie de la rue du Quevroy et vue de la rue des Gaillers (en pointillés rouges), vers 1907
Vue d'une partie de la rue du Quevroy et vue de la rue des Gaillers (en pointillés rouges), vers 1907

En généalogie, en dehors de la date et du lieu, les décès sont pauvres d'informations. Il est rare de savoir la cause du décès de la personne : chute, maladie, noyade, blessures de guerre, meurtre, incendie, écrasé, etc. Les explications peuvent être nombreuses et parfois très surprenantes. Dans le cas présent, c'est le décès de mon 4x arrière grand-père Joseph ANDERLIN qui arrive en dehors de nos frontières, loin de chez lui. Qui est-il, que fait-il, ou vit-il, pourquoi se trouvait-il à l'étranger en 1845,...? Ouvrons le dossier et essayons d'en savoir plus.

Joseph ANDERLIN naît le jeudi 5 juillet 1804 à 3h du matin à Mons (Province du Hainaut - Belgique). Son père s'appelle Joseph qui se fait appelé "Charles", Journalier de profession mais il avait été Marchand de quincaillerie à Mons dans ses jeunes années. Sa maman s'appelle Marie-Barbe GUILLAUMET, native de Caen (Dép. du Calvados - France). Joseph est le 8ème enfant du couple. Un dernier petit-frère viendra se rajouter à la famille en 1806.

Le début de son enfance commence dans la douleur et la mort. Alors qu'il vient de fêter ses 3 ans, son père décède alors qu'il n'a même pas 40 ans. Joseph grandit à Mons avec sa mère et ses frères/sœurs. A 13 1/2 ans, il vit le décès de sa grande sœur Françoise. En 1824, âgé de 20 ans, il va déclarer le décès de son oncle François GUILLAUMET. Joseph est mentionné "Journalier" de profession.

Archives de l'Etat de Belgique (Mons), état civil de Mons, registre des naissances
Archives de l'Etat de Belgique (Mons), état civil de Mons, registre des naissances

En 1830, il devient papa pour la première fois, d'une petite fille prénommée "Adèle", alors qu'il n'est pas encore marié. A ce moment-là, il est soldat à la troisième division d'infanterie de garnison de la ville de Mons (voyez l'extrait ci-contre). Il aura un second enfant, né en 1832, toujours hors mariage. Il ne restera pas non-marié très longtemps car le 18 février 1835, âgé de 30 ans, il se marie enfin avec Marie-Louise WATTIER (qui est déjà la maman des 2 premiers enfants) , originaire de Mons. Cinq enfants naîtront après le mariage. La petite famille est installée jusqu'en 1842-43 à la rue du Quevroy. Marie-Louise connaît bien cette rue car elle y vivait avec ses parents. 

Joseph déménagera avec sa tribu dans la rue des Gaillers (voyez la vue du quartier en début d'article, les points rouges montrent la rue des Gaillers où vivait Joseph avec son épouse et leurs enfants). Là aussi, rue familière, car le frère de Joseph (François ANDERLIN) y vit quelques maisons plus loin, avec son épouse et leurs enfants (voyez la carte ci-dessous montrant les 2 rues).

Bibliothèque Royale de Belgique, extrait du Plan POPP concernant la ville de Mons vers 1850-70, Cartesius
Bibliothèque Royale de Belgique, extrait du Plan POPP concernant la ville de Mons vers 1850-70, Cartesius

Joseph est toujours mentionné comme "journalier" sur les actes. Mais le 7 octobre 1845, Joseph décède à l'âge de 41 ans, à Orléans (Dép. du Loiret - France). Que s'est-il passé?? Pourquoi est-il décédé si loin de son lieu de vie?? Enquêtons pour essayer d'en savoir plus sur ce mystère.

Joseph est mentionné pour la dernière fois "journalier" à la naissance de son dernier enfant, le 1er février 1845 à Mons. Sur l'acte de décès de Joseph, nous apprenons qu'il "passait" à Orléans. Orléans est une grande ville française, se trouvant au sud de Paris à environ 365 km de Mons. Et toujours sur son acte de décès, nous apprenons qu'il était entré à l'Hospice Hôtel-Dieu le 3 octobre 1845 et qu'il y succomba presque 4 jours plus tard à 1h du matin. L'Hospice Hôtel-Dieu est une toute récente construction. Il est relativement grand pour l'époque et il est composé de plusieurs grandes salles où se trouvent les malades (voyez les anciennes cartes postales ci-dessous datant des années 1910).


Aucune information n'est trouvée dans l'acte de décès. Je me tourne vers les Archives du journal "Journal du Loiret", mais les recherches n'aboutissent à rien. Malgré mes recherches, je dois bien accepter que je ne saurai probablement jamais ce qui s'est passé. Ou allait-il, que lui est-il arrivé, dans quel but se trouvait-il si loin de sa maison, pourquoi est-il rentré à l'Hospice, etc. ??? Beaucoup de questions qui resteront sans réponses. Pour la petite histoire, son épouse Marie-Louise lui survivra encore de nombreuses années et ne décèdera qu'en 1894 à Mons à l'âge de 87 ans.

Le prochain article (qui sera le dernier de cette année) parlera de lieux qui furent autrefois fréquentés par mes ancêtres et les autres personnes du village ou de la ville : les Eglises de nos aïeux, lieux de souvenirs heureux et malheureux...

A mercredi prochain...

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Hugues Le Roux (mercredi, 13 décembre 2017 20:05)

    Tres interessant la vie de joseph et que de precision qui nous permettent de rentrer dans sa vie ... A cette epoque le journalier etait sedentaire ... mais sait on chez qui il travaillait ? Peut etre etait il envoye ds une autre ville par son patron car semble t il il etait chez le meme patron depuis longtemps ...
    Apres il est possible d envisager qu etant de passage a Orlean , il a eu un accident .. oubien une maladie qui l a conduit a l hopital ...?
    Je pense qu il est difficile d aller ds les archives de l hopital ? Et puis existent t elles encore ..?
    En tout cas c est une belle histoire qu il faut garder pour le patrimoine familliale .

  • #2

    Romain (mercredi, 13 décembre 2017 22:17)

    Bonjour,
    Ne désespérez pas ! Pour ma part, j'ai pu trouver plusieurs fois des informations... dans les archives hospitalières !
    Vous devriez vous rapprochez soit des archives départementales du Loiret (département ou est situé Orléans) soit de l'hôpital en question si les archives n'ont pas été versées.
    Vous y trouverez probablement ce que l'on appelle les registres d'entrée et qui contiennent en général le nom du malade, sa date de naissance, son lieu de résidence, la raison et la date de son admission.
    Bonnes recherches ! :-)
    http://www.archives-loiret.fr/

  • #3

    Un lecteur (jeudi, 14 décembre 2017 08:13)

    Nos ancêtres voyageaient plus qu'on ne le pense. J'ai ainsi retrouvé un acte de vente d'une maison à Tournai en 1902, dans lequel une des vendeuses, une veuve de 52 ans, fait une procuration car elle se trouve à Sofia en Bulgarie ! Que faisait-elle là-bas, je n'en ai actuellement aucune idée.
    Il est toujours possible d'étoffer la vie de votre ancêtre mystérieux. Le notariat, l'enregistrement et les hypothèques donneront des informations sur les éventuels mobiliers achetés ou vendus. La succession devrait permettre de connaitre son patrimoine à son décès, l'existence d'un éventuel contrat de mariage ou d'un testament ainsi que les héritiers du défunt. Et comme il semble avoir des enfants encore mineurs à son décès, un conseil de famille a du se réunir et nommer des tuteurs à ses enfants, l'occasion de consulter les archives de la justice de paix.
    Peut-être y aura-t-il dans ces documents des pistes pour comprendre ce qu'il faisait à Orléans et la cause de son décès.
    Voir aussi les archives hospitalières de l'hôpital où il est décédé.