Marions-nous vite!! Je suis enceinte...

Le mariage, acte sacré et pieusement respecté depuis la nuit des temps. Chaque chose en son temps et surtout, ne rien précipiter, ne pas fauter... ne pas faire honte à la famille! Il faut trouver un bon parti, mais l'avis des parents ne suit pas toujours et l'obligation parentale pour le mariage n'est que la seule solution. Voilà des règles de conduite bien instaurées aussi bien en Belgique qu'en France, avec comme poids au dessus de la tête : la religion chrétienne qui ne peut être trahie, faute de quoi, la personne ira en enfer. Mais il arrive parfois que l'Amour prend le dessus, que les sentiments ne se contentent plus d'une simple danse lors d'une fête ou de quelques regard furtifs. Et arrive ce qui doit arriver... Sauf qu'il arrive parfois un "accident", avec comme bagage la peur et les obligations. En effectuant les recherches généalogiques, vous tomberez parfois sur des naissances ou des baptêmes d'enfants qui arrivent très très peu de temps après le mariage. En faisant le calcul, vous verrez que le jour du mariage, il y a des femmes qui sont déjà enceintes de 3 mois et d'autres qui sont plus loin dans la grossesse. Nous allons nous remettre un peu dans le contexte de l'époque et voyons ensemble ces 3 cas parmi d'autres (nous supposerons que les 3 femmes accoucheront à terme).

Le premier exemple concerne Martin BROHET et Anne Marie LETOT, mes ancêtres. Ils naissent tous les deux à Feignies (Nord - France), lui en 1697 et elle en 1705. Le couple se marie à Feignies le 9 mai 1730. Martin est berger de profession. Le premier enfant du couple naît le 10 juillet 1730 à Feignies, baptisé le même jour (voir l'image ci-dessous). L'acte est signé par le père, présent au baptême. Cela veut dire qu'Anne Marie était enceinte de 7 mois au moment du mariage.

Archives départementales du Nord, paroisse de Feignies, 5 Mi 003 R 008
Archives départementales du Nord, paroisse de Feignies, 5 Mi 003 R 008

Comme les bans étaient généralement publiés dans les 3 semaines qui précédaient le mariage, nous pouvons conclure que la décision du mariage a été prise quand Anne Marie était enceinte de 5 1/2 mois ou 6 mois tout au plus. Une grossesse qui ne pouvait être cachée... Le couple eut encore 6 enfants par la suite.

 

Le deuxième exemple concerne Jean-Baptiste WILLEMUS (frère de mon ancêtre) et Marie Rosalie BROGNIEZ. Jean-Baptiste est né à Bray (Province du Hainaut - Belgique) en 1760, manouvrier de profession. Marie Rosalie est originaire de Merbes-Sainte-Marie (Province du Hainaut - Belgique), née vers 1755. Le couple se marie le 14 novembre 1789 à Bray. Le premier enfant du couple naît le 2 février 1790 à Bray (voyez l'acte ci-dessous). Marie Rosalie était enceinte de 6 mois et une dizaine de jours au moment du mariage, et qu'elle devait être enceinte d'environ 5 1/2 mois au moment de la prise de décision du mariage... Dans la coutume du mariage et surtout concernant un mariage précipité, il n'était pas rare que sitôt mariée, une jeune femme quittait la demeure paternelle pour habiter avec son époux, le logis de ses beaux-parents. Mais parfois, dans sa nouvelle demeure, la belle-fille était traitée davantage en servante qu'en bru1. Le couple eut néanmoins d'autres enfants.

Archives de l'Etat de Belgique (Mons), paroisse de Bray, registre des baptêmes
Archives de l'Etat de Belgique (Mons), paroisse de Bray, registre des baptêmes

Le troisième exemple concerne Joachim HACHELIN et Marie Antoinette HOCQUET (mes arr. arr. arr. arrières grands-parents). Joachim est né à Anderlues (Province du Hainaut - Belgique) en 1823, journalier de profession. Marie Antoinette est née également à Anderlues en 1824, journalière de profession. Le couple se marie le 12 août 1845 à Anderlues. Le premier enfant du couple naît le 2 octobre 1845. Marie Antoinette était enceinte de 7 mois et une dizaine de jours environ au moment du mariage. Comme on ne connaissait le sexe de l'enfant, on surveillait les faits et gestes de la future mère. Une tradition disait que si la future maman se levait du pied gauche, ce serait un garçon et le pied droit pour une fille. Une étrange tradition française voulait que le cordon ombilical du premier enfant indiquait le nombre d'enfants qui suivraient : il suffisait de compter les nodosités2.

Voilà 3 cas parmi d'autres de mariages précipités. Par manque de témoignages et de preuves, il y a certainement des mariages qui se sont justes précipités suite à la grossesse et que s'il n'y avait eu cette dernière, ils se seraient mariés dans les mois qui suivent (en gros, aucun forçat puisque le couple allait dans cette direction). Il existe également des mariages non précipités car au moment de celui-ci, la mère n'était enceinte que de 2 voir 3 mois. C'était juste des amoureux quelque peu "impatients"...

1 , 2 : La France en héritage, BOUTET Gérard, Ed. Perrin, 2007

L'article de la semaine prochaine sera la suite de l'article qui était consacré à Henri LEGRAIN, qui avait une ascendance de haute bourgeoisie. Des recherches ont été effectuées... Quel sont les résultats de ces recherches? Rendez-vous la semaine prochaine avec la première partie de l'article: "Quand la noblesse reprend ses droits en ascendance... Ciel mes aïeux! (1/2)".

A mercredi prochain...

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Commentaires: 2
  • #1

    Stéphane Decarnières (jeudi, 02 novembre 2017 08:03)

    Super post, très bien documenté, dans toute généalogie il y a ce type de petits bugs, comme quoi l’amour et l’attirance sont les faits de l’être humain, merci pour le partage et les exemples très bien écrit.

  • #2

    FLEMAL Michel (jeudi, 02 novembre 2017 19:38)

    Les programmes informatiques actuels permettent de révéler des statistiques qui étaient très probablement ignorées dans la commune, du moins dans leur ampleur. 908 mariages ont été célébrés à Mont-Saint-Guibert en Belgique entre 1800 et 1916. 324 futures épouses étaient enceintes le jour de leur mariage, soit 35,68%. De nombreux mariages ont été célébrés en secondes, voire en troisièmes noces et un certain nombre de mariées n’étaient plus en âge d’enfanter. On peut donc estimer que parmi les jeunes épousées plus d’une sur trois étaient enceintes sous le voile. Ce taux est largement inférieur à celui calculé à Corbais, village rural tout proche et qui était de plus de 46%.